Liam ferma sèchement le livre qu'il tenait entre les mains. Pas passionnant du tout. Le brun avait voulu suivre les conseils de lecture sur un forum et il commençait presque à le regretter. C'était le second livre qu'il abandonnait au bout d'une cinquantaine de pages à mourir, alors il retint un soupir d'agacement. Il aurait mieux fait de passer son après-midi à préparer ses cours, cela aurait été plus productif. Il étira ses bras en avant et fit craquer la quasi intégralité de ses os en grimaçant. Toujours silencieux, il laissa glisser son regard autour de lui, remarquant avec une pointe de tristesse que la bibliothèque était plutôt vide, une chose honteuse. Les librairies et bibliothèques devraient être surpeuplées, les gens devraient fréquenter ces lieux quasi religieusement vu la quantité de connaissances qui s'y trouvaient... Moins les quelques bouquins ennuyeux, certes. Toujours est-il qu'ils étaient, à première vue, deux.
Liam commença à pianoter du bout des doigts sur le bord de la table, hésitant entre partir tout de suite et errer jusqu'à ce que les cours commencent, ou rester ici et tenter sa chance avec un dernier bouquin. Il croisa le regard d'une jeune femme installée derrière le "comptoir" de la bibliothèque. Il l'avait déjà vue quelque part, mais où.. Fixant un point sur le mur d'à côté pour éviter de la dévisager, il essaya de se souvenir. Éliminant toutes les propositions improbables, il dut se rendre à l'évidence : c'était probablement une étudiante travaillant ici pour se faire un peu d'argent. Il avait lui-même fait quelques petits boulots parallèlement à ses études pour les financer, alors il comprenait bien la situation dans laquelle des dizaines d'universitaires de Clancy.
Seulement, cette jeune femme ressemblait à s'y méprendre à une de ses élèves qui avait esquivé sans scrupule la deadline pour rendre un devoir maison de maths. Après quelques secondes de réflexion, Liam en était sûr : c'était elle. Il souffla du nez, heureux de voir qu'il y avait une justice. Elle pensait s'en sortir ? Non, le destin en avait voulu autrement. Il rangea rapidement ses affaires, se dirigea nonchalamment vers le bureau et s'y accouda : "Alors... Ce devoir, tu penses me le rendre un jour ?" Il la regarda avec un sourire amusé sur les lèvres, s'attendant à la voir inventer en vitesse une excuse invraisemblable.
Sujet: Re: You can be late, things gonna change Jeu 23 Mai - 8:33
Malentendu rondement mené Liam White & Moonlight O'Cahan
La journée en était seulement à son milieu, et Moonlight avait d'ores et déjà envie de rentrer chez elle et de se jeter sur son lit. Pas forcément pour dormir, mais pour éviter d'arriver au point où elle se taperait la tête contre le mur. Elle avait appris, tout au long de la semaine écoulée, qu'être douée en photographie, selon les dires de ses professeurs, n'était pas réellement un compliment. Bien entendu, c'en était un, accompagné d'un magnifique "ne nous décevez pas, faites trois fois plus que les autres pour être à la hauteur de ce que l'on attend de vous". Cadeau empoisonné, épuisant, harassant. Elle travaillait sans doute trois fois plus que ses camarades de classe, tout simplement parce que la plupart des personnes se retrouvant dans la filière avait choisi la photographie pensant qu'ils allaient gentiment ne rien faire pendant trois ans, ou alors, mieux encore, parce qu'ils se prenaient pour des pseudos artistes alors qu'ils n'étaient que des hippies ratés. Et jusqu'à preuve du contraire, la weed ne donnait pas forcément le talent nécessaire à l'utilisation correcte d'un appareil. Rajoutez à cela le cheerleading, et le glee club, et vous obtenez la vie de Moonlight. Sans oublier la bibliothèque, arrêt nécessaire si elle voulait pouvoir payer son loyer et ses études, ainsi que celles de sa soeur.
C'était d'ailleurs aujourd'hui qu'elle y travaillant, profitant de son jour de répit à l'université. Distraitement, elle positionna un livre sur une étagère, à sa juste place, puis parcourut quelques mètres pour ranger le suivant. Le pire, dans les bibliothèques, étaient sans doute les personnes, étudiantes ou pas, venus utiliser des livres et qui les laissaient sur les tables, comme si des larbins - elle, au hasard - allait passer pour les ranger. Bien entendu, c'était le cas, mais ça avait de quoi l'énerver trois fois plus. Une fois son rangement fini, elle retourna s'asseoir derrière l'accueil, pour attendre de nouveaux arrivants. Comme à l'accoutumée, la bibliothèque était presque vide. Il n'y avait guère que le samedi où elle semblait se remplir de manière assez incroyable. Les autres jours, une ou deux personnes se trouvaient dans la pièce en même temps, comme s'ils attendaient leur tour pour entrer, que personne d'autre que l'employée n'y soit.
Ses pensées furent interrompues par une voix masculine inconnue. Au bord du sursaut, la jeune femme sourit tout de même de toutes ses dents pour fabriquer ce qu'elle appelait son "sourire commercial" et faire face à celui qui l'avait abordée. Cependant, ses mots atteignaient peu à peu sa cavité cérébrale et elle se mit à réfléchir à toute vitesse. Un devoir? Quel devoir? Cherchant dans quel cours elle aurait pu apercevoir celui qui semblait, apparemment, être un professeur, elle en perdit brièvement son vocabulaire. Brièvement.
"Oui bien sûr le devoir de ... "
De? Quel devoir? Elle aurait pu oublier un professeur aussi mignon? Oui, non, peut-être? Non ... Si, possibilité. Moonlight n'oubliait pourtant jamais ses devoirs. Panique. OhmonDieu elle avait oublié un devoir. Sourire commercial. Attendre une réponse, elle attendrait une réponse, puis après elle paniquerait.